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Les membres du GEM ont la parole : aujourd'hui, Elodie nous parle de son article qui ne sort pas...



Cela fait deux semaines successives que je me retrouve face à cette problématique : comment réussir à faire mon article pour le blog du GEM TSA 85 ?


Me voilà prise dans une forme d'énergie que je connais bien où je suis tellement en mouvement intérieurement qu'à l'extérieur rien ne sort (ou presque), du moins en apparence, dans la matière, dans "la réalité visible et partagée".


Il serait facile de me juger, de dire que je procrastine, que je suis flémarde ou que je n'ai pas de volonté. En réalité c'est tout le contraire.

J'ai dans ma tête tellement d'idées de sujets qui me viennent, tellement de façons différentes de les explorer et de vous les présenter, tellement de choses que je pourrais ou que je voudrais vous faire partager, j'ai tellement le souci de bien faire les choses aussi, avec justesse, que finalement je croule un peu sous tout cela. De l'extérieur, l'on pourrait même me voir dans un état de création "léthargique" parce que je ne produis rien, mais à l'intérieur de moi tout fuse. Je suis tellement en mouvement à l'intérieur, comme prise dans un tourbillon d'idées et de possibilités, que je peine à me poser pour sortir quelque chose de clair et que je n'ai d'autre choix que de me laisser porter et emporter par tout cela et d'attendre, comme je le peux, avec énormément de patience, une accalmie.


Ces moments de mouvements intellectuels ou de créativité sont très riches et prolifiques mais ils sont parfois si intenses que je suis épuisée de n'avoir rien fait en apparence (au regard des autres), mais tant produit au-dedans de moi.


L'on entend quelquefois parler de l'autisme sans déficience intellectuelle comme d'un handicap invisible. Je trouve cela en partie juste, plus ou moins selon les circonstances et les personnes aussi. Ce qui bien sûr n'est pas visible, c'est tout ce qui se passe en nous, tout ce que pour diverses raisons nous ne sommes pas toujours capables de vraiment comprendre ou de verbaliser. J'emploie volontairement le pronom "nous" car cela ne concerne pas que les porteurs/porteuses de TSA mais tout être humain. Il y a une part d'invisible en chacun. Peut-être cette part d'invisible est-elle simplement prépondérante chez les personnes dite "différentes" car la communication ou l'interaction, le "langage commun", peuvent ne pas être leur meilleur terrain de jeu.


L'illusion est de croire que ce qui n'est pas visible n'existe pas. Il n'en est rien. Pour celles et ceux qui me connaissent comme je suis aujourd'hui, vous auriez été surpris de me rencontrer il y a 15 ans de cela.


En effet, il y a quinze ans, j'étais totalement repliée sur moi, incapable de parler à des gens que je ne connaissais pas, incapable aussi de répondre au téléphone, incapable de prendre des initiatives, incapable de faire face à l'imprévu, incapable de verbaliser et d'expliquer ce qui se passait à l'intérieur de moi, incapable parfois même d'aller ne serait-ce qu'acheter du pain, d'aller à la Poste ou d'arriver en retard à un rendez-vous (petit conseil humoristique : surtout, ne jamais arriver en retard à la Poste car bien souvent le bureau sera fermé quelques minutes avant l'horaire indiqué !) Il y a tant de choses que je n'étais pas capable de faire, tant de choses et de circonstances qui me mettaient en difficultés.


Aujourd'hui encore je suis quelquefois confrontée à des situations complexes pour moi ou que je ne comprends pas. La différence, c'est qu'aujourd'hui je ne me juge pas aussi sévèrement qu'auparavant, aujourd'hui je ne me sens plus incapable, mais simplement temporairement "indisponible" ou indisposée à faire certaines choses dans certaines circonstances à un instant bien précis, selon un modèle bien défini. Je considère désormais que je ne suis plus incapable mais suffisamment intelligente et maligne pour être capable autrement. Cela correspondra rarement à "la Norme", mais rentrera parfaitement dans ma norme à moi dans laquelle bien sûr je me sens mieux.

J'ai cessé de me confronter aux murs que l'on dressait devant moi, parfois autour de moi aussi. J'ai cessé de vouloir dépasser "à tout prix" les difficultés telles qu'on me les présentait ou les qualifiait, telles qu'on voulait que je les dépasse. J'ai cessé de me battre, de me faire violence, mais cela ne veut pas dire, loin de là, que je refuse ces difficultés ou les rejette, ni que je me repose sur mes acquis mais plutôt que je les aborde avec plus de souplesse et de philosophie, plus de respect, à partir de moi et de mon ressenti sur le moment, de ce que je me sens capable de faire aujourd'hui.


Je privilégie aujourd'hui le "faire ensemble" et le "faire avec" (avec ce que je suis et avec ce que me propose aussi la Société) et j'essaie, avec toutes les idées qui sont dans ma tête (et je n'en manque vraiment pas !) de rendre ces difficultés plus accessibles pour moi. Là où l'on me montre une montagne impossible pour moi à gravir, je vois les paliers, les étapes, les petits chemins de traverse qui vont me permettre d'accéder au sommet de cette montagne, si bien sûr j'ai envie de gravir cette montagne, si cela me parle et pas seulement si cela doit se faire ou parle à mon entourage.


Comme beaucoup de TSA, j'ai tendance à m'attarder sur des détails mais c'est parce que ce sont les petits détails, les petites choses qui me permettent à moi d'avancer. Je suis d'un naturel "petit", j'aime les petits pas, les petits groupes, les petits succès, les petits efforts. Je suis plutôt du genre Tortue que Lièvre, ça c'est certain. Plutôt du genre Petit Poucet aussi. Plutôt du genre David que Goliath.

Peu importe la référence, vous voyez peut-être ce que je veux dire.


Si l'on dresse devant moi une montagne à gravir, je ne vais pas foncer tête baisser ni rebrousser chemin. Je vais d'abord observer longuement les différents flancs de la montagne, sonder aussi comment je me sens aujourd'hui. Probablement que mon itinéraire jusqu'au sommet ne sera pas celui de tous, peut-être même (et probablement) que j'arriverai plutôt dans les derniers que dans les premiers, peut-être que mon parcours sera qualifié d'atypique, mais j'arriverai au sommet, à ma façon, à mon rythme, et je n'en sortirai pas moins grandie que n'importe qui d'autre.


Ce qui compte, ce n'est peut-être pas tant la façon de faire les choses, ni vraiment l'objectif que l'on souhaite atteindre mais davantage le temps, le chemin, l'élan et les expériences qui permettent de nous accomplir et d'accomplir ce que nous sommes.


Nous sommes toutes et tous différents, n'est-ce pas là une richesse ?

N'est-ce pas cela qui fait la richesse de notre Monde ?

Pourquoi donc vouloir que tout le monde soit identique ?


C'est vrai, être porteur/porteuse de TSA, cela se voit ou ne se voit pas.

TSA pour les "neurotypiques",

TSA atypique parmi les atypiques.

Mais à l'intérieur, qu'en est-il ?

A l'intérieur... je ne suis que moi !

Qu'est-ce que cela change ?

Cela change Tout

Pour qui ose regarder

Au-delà des apparences

Au-delà des idées reçues

Au-delà des croyances

Au-delà des coutumes

Au-delà des mots

Au-delà de Tout

Au-delà de Tout, il n'y a que des "Soi"

Des "sois" ensemble,

Soyons ensemble,

Et c'est Tout !


(PS : j'imagine fort bien que si j'avais rendu un devoir comme celui-ci au cours de mes études, comme cela m'est arrivé quelquefois malgré moi : un devoir "en retard", qui plus est certainement qualifié de "hors-sujet" avec plein de points d'exclamation, en rouge stabiloté et surligné pour montrer l'incompréhension du professeur (qui semble avoir plus de d'importance que l'incompréhension d'un étudiant face à ce qu'on lui demande de faire et qu'il ne comprend pas ou qu'il voit différemment) probablement, pour l'avoir vécu, aurais-je eu une très mauvaise note. Alors je me demande, pour finir, quelle place donne-t-on à la différence dans l'éducation et l'accompagnement de nos enfants, dans notre Vie aussi de tous les jours ? )



Elodie


 

Nous remercions Elodie pour son article qui lui a donné un peu "de fil à retordre".


Nous rappelons que tous les membres du GEM sont invités à venir nous faire partager quelque chose sur le blog.


Tous les partages sont les bienvenus (y compris les "hors-sujet" ou les "pas sûr qu'il soit apprécié") du moment qu'ils sont faits dans le respect et la bienveillance.


Les textes ou autres partages sont à envoyer sur l'adresse mail du gem (gem.tsa.85@gmail.com) ou à transmettre sur Discord à Elodie P.



 

INFORMATIONS GEM :


Nous envisageons de faire des temps d'échanges et de partages en présentiel et via Discord sur des thèmes particuliers.

Membres du GEM TSA 85, y-a-t-il des thèmes qui vous intéresseraient en particulier ?


N'hésitez pas à prendre contact avec les membres du Bureau ou avec notre Coordinatrice Céline Agin pour nous faire part de vos idées et souhaits.




Prochains rendez-vous :


  • vendredi 9 septembre : rencontre à la Roche sur Yon

  • lundi 12 septembre : article hebdomadaire des rencontres qui ont eu lieu la semaine du 5 au 11 septembre (sur le blog du GEM)

  • mardi 13 septembre : un pique-nique à Challans

Pensez à prendre les renseignements complémentaires ( adresses, numéro de salle, heures de rendez-vous) pour nos rencontres en cliquant sur la date qui vous intéresse sur l'agenda de notre GEM.



A bientôt !





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