Les membres du GEM ont la parole :
Mélodie revient sur le contenu de la conférence à Handisoins.
Contacter HANDISOINS 85 :
Un numéro de téléphone unique pour joindre HANDISOINS 85 : 02 51 085 888.
L’équipe HANDISOINS 85 assure un accueil téléphonique, tous les jours, du lundi au vendredi, de 9H à 12H30.
En dehors de ces horaires, un accès par mail est possible : accueil@handisoins85.fr ou via le site internet
www.handisoins85.fr
"Conseiller et faciliter l’accès aux soins courants :
Vous êtes en situation de handicap, vous résidez en Vendée et vous rencontrez des difficultés pour l’accès aux soins courants : la plateforme Handisoins 85 peut vous aider.
Pour les personnes vivant avec un handicap, l’accès aux soins en milieu ordinaire s’avère très souvent extrêmement difficile. C’est la raison pour laquelle le dispositif, baptisé « HANDISOINS 85 » a été créé. Financé par l’ARS Pays de Loire et porté par 3 établissements de santé (CHD Vendée, Clinique Saint Charles et EPSM Mazurelle – La Roche sur Yon), il est ouvert à tous et vise à conseiller et à faciliter l'accès aux soins courants. "
Comme vous avez peut-être pu le lire dans l’Edito, nous avons participé à une matinée de sensibilisation aux spécificités du handicap pour les professionnels de santé le samedi 18 Novembre, organisée par Handisoins 85.
Pour y revenir de manière approfondie, je vous propose un retour un peu plus détaillé de cette matinée.
La matinée a pu se décliner en plusieurs temps de parole :
- Prise de parole d’Etienne Le Maigat, directeur territorial de la Vendée, Agence Régionale de Santé Pays de Loire et présentation de Handisoins 85.
- Antoine Chéreau, président du CTS Vendée
- Patrick Berry, sociologue et consultant en promotion de santé, les représentations sociales du handicap et leurs impacts sur l’accompagnement des soins.
- Puis nous avons eu un retour d’expériences du parcours de soins, témoignages usagers, professionnels, familles ect.
Dans un premier temps il y a eu la prise de parole du directeur territorial Vendée ARS qui a pu partager quelques données sur le sujet de l’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap.
➔ 75% des personnes en situation de handicap abandonnent tous les soins, il y a donc une perte de chance.
Le constat de l’ARS :
“La Vendée compte environ 65 000 personnes en situation de handicap, soit 9,8% de la population du département (source Observatoire de Vendée) ; parmi elles, 75% environ rencontrent des difficultés d’accès aux soins. Certaines personnes sont contraintes de se faire soigner dans d’autres départements, voire dans d’autres régions, par manque de connaissance de l’offre de soins disponible et/ou refus de prise en charge. Face à cette réalité, d’autres abandonnent l’accès aux soins.”
Il a évoqué des avancements sur ce sujet comme par exemple :
➔ Formation de groupes de travail
➔ CHD, CHS, Clinique saint charles qui font un travail “remarquable”
➔ Une sensibiliser les professionnelles de santé commencé
➔ Les étudiants en 3ème année de faculté de médecine on une sensibilisation aux soins pour les personnes en situations de handicap
Sylvie Verbrugghe, coordinatrice du dispositif HANDISOINS 85 parle de l'objectif de sa création. L’engagement du dispositif étant de rompre l'échec ou l’absence de soins pour toutes personnes en situation de handicap.
L’équipe HANDISOINS85 constitue un interlocuteur privilégié pour les personnes en situation de handicap et/ou leurs aidants, ainsi que pour les équipes soignantes internes ou externes des établissements.
L’équipe peut être contactée par :
- Le patient lui-même
- Le médecin traitant
- Les aidants professionnels ou familiaux
- Les dispositifs de coordination
- Les professionnels des établissements sociaux ou médico-sociaux”
Le sociologue Patrick Berry nous parle des représentations sociales du handicap et de leurs impacts sur l’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap.
( Rapide introduction de sociologie)
Les représentations sociales naissent des différentes formes d’interactions sociales.
La notion de représentation sociale a pour genèse les travaux sociologiques dès la
fin du XIXe siècle d’Emile Durkheim (1858-1917) qui introduit la notion de représentations collectives en distinction des représentations individuelles auxquelles les domaines de recherches sur les comportements humains s’étaient jusqu’alors intéressé.
Pour le sociologue, “Il s’agit alors d’une édification cognitive, et de ce fait, bien qu’il s’agisse de la société, il faut une tête, un cerveau, une « conscience sociale » selon les mots durkheimiens, qui puissent supporter la construction et le développement du savoir social. Néanmoins, il ne s’agira pas pour cette conscience, d’une adjonction de consciences individuelles, mais du fruit de l’ensemble des croyances et des comportements que partage chacun des membres de la collectivité.”
L’historien Philippe Ariès en arrive même à soutenir “que nous savons très peu de choses de l’infirmité, de l’anormalité physique ou mentale au contraire, nous savons comment elles étaient représentées. En réalité, le handicap dans l’histoire n’a pas de « réalité », il n’a que des représentations.”
Patrick Berry amène le questionnement de la prise en compte de la représentation sociale qu'ont les personnes mais ici les professionnels de santé du handicap et qui conditionne leurs rapport au handicap mais plus largement à la différence. Nous pouvons questionner plus largement l’idée que le handicap n’est pas lié à la personne de part sa condition mais de la place que la société lui donne et le regard qu’elle pose. La prise en charge lors de soins ne dépend pas seulement de la formation, de la sensibilisation ou encore des politiques publiques mais aussi de la représentation sociale qu'ont les professionnelles de santé du handicap et donc de ces personnes “différentes” du fonctionnement majoritaire d’une société. Et c’est notamment là qu'il faut agir, il faut s’attacher à déconstruire cette représentation.
Il y a quatre catégories a prendre en compte afin de favoriser un meilleur accès aux soins : Le Temps - L’ Espace - Les Outils- La Technique
Constat global :
➔ Aujourd’hui encore le handicap fait peur.
➔ Il y a l’inaccessibilité des lieux qui est toujours présent
➔ Il y a un manque d’outils techniques
➔ Et il y a toujours la méconnaissances du handicap
Raisons d’abandon de soin pour les personnes en situation de handicap :
➔ 44% de refus de pris en charge par les professionnels
➔ C’est trop difficile
➔ Ne sait pas ou se rendre
➔ Pas de transport
Il est important lors d’une prise en charge d’ identifier les besoins spécifiques de la personne. On ne peut pas faire une prise en charge globale du handicap, il faut s'adapter à la personne.
Le motif de recours à handisoins est de lever les freins.
Il y a notamment deux choses principales à interroger :
- La pratique individuelle du professionnel
- Les questions organisationnelles, qu’on puisse les définir, et s'interroger sur la capacité et ce que lui autorise le milieu.
➔ Aménagement du milieux + des pratiques individuelle sont deux éléments à prendre en considération
Il existe la représentation social de part nos relations sociales :
- Idée dans la tête
- Manière d’agir
➔ La relation social soignant/usagers
La notion de Handicap résulte des vulnérabilités du corps social.
➔ Il y a un effort cognitif afin de bouger de sa représentation sociale
➔ Il n’y a pas de travail sans être au clair sur nos représentations
Les domaines à questionner pour les professionnels de santé et à adapter par exemple :
- La Prise de rendez vous ( écrit par mail par exemple)
- Secrétaire
- Prise de documents écrit pour faire le bilan
➔ Salle de soin, s’interroger sur qui je suis, mon rôle et qu’est a qui est le plus facile pour le patient.
- S’interroger sur la préférence position du patient pour un examens
- Se demander si la lumière les gênes
- Explique tout le matériel
- Travail avec moi, l’échange
- Une fois les photos faite
- Enfin le docteur peut faire sa consultation
Mettre la discussion, l’échange au centre avec le patient et/ou les parents.
Les professionnels peuvent s'interroger sur leurs compétences et leurs limites.
Réaction comportementales
- Profils sensorielles
- Stratégie d’apaisement
- Soins sans opposition
- Eviter l’échec
- Horaire
- Consultation blanche
- Matériel à prévoir
- Habituation aux soins, séquence répétés
- Reproduire ces séquences
➔ Solliciter le référent handicap pour accueillir les patients
Ateliers d’habituation aux soins, prévoir plus de temps ….
Penser l’accessibilité au sens large, information, communication, évitement des situations anxiogènes…
Capacité à avoir accès, comprendre, s’approprier l’information et la mettre en application
Caractéristiques communes des populations vulnérables :
- Inégalité sociale
- Inégalité d’accès
- Inégalité en interne ( le système renforce l’inégalité)
- organisation de soins
- représentation social de la personnes
- Refus de soins +++
Nous avons retenu le témoignage du Dr Barbara Arz, chirurgien dentiste qui au contact de certains de ces patients qui ont été reconnu en situation de handicap (Alzheimer, schizophrénie par exemple) et qui par la suite du diagnostic ont fait une croix sur les rendez-vous chez le dentiste. Elle a décidé de continuer de suivre ces patients en adaptant ces pratiques, en s’adaptant aux besoins de la personne afin que le soins soit toujours possible. Elle a ensuite dédier sur une journée entière la prise en charge de ces patients afin de se concentrer pleinement sur ces profils de personnes cette journée-là. Avec sa collègue elle a mis en place l’hypnose, une démarche si besoin d’explication de toutes les étapes, du matériel, des consultations blanches ect… L’objectif étant que les personnes ne soient pas en rupture de soin et qu'elles soient rassurées, apaiser afin de vivre la consultation le mieux possible.
Si le handicap dans la société se présente comme un handicap pour la société, ce serait essentiellement et plus qu’autres choses, à cause de « l'impossibilité » sociale quant à penser et à accueillir le handicap en lieu et place de son rejet. Nous possédons des dispositifs d’accueil des personnes en situation de handicap souvent inaccueillants ; il s'agit pour Alain Blanc d' "ensembles, globalement inhospitaliers, et de ce fait générateurs de handicap ». Ce sont aussi entre autres les méconnaissances que nous avons du handicap qui handicapent plus que le handicap lui-même, qui aliènent l’image et l’estime de soi.”
Une difficulté (parmi tant d’autres) persiste, et paraît en engendrer parallèlement d’autres, c’est la question de la culture. Et si la question fondamentale autour du handicap n'était ni une question de moyens, ni une question de dispositifs, mais une question culturelle ? La société ne doit-elle pas reconsidérer sa relation, sa culture, des normes avec le handicap ?
“Quand la culture peut freiner notre ouverture à l'autre et à sa différence, il faut savoir rompre : rompre avec nos habitudes, avec nos pensées trop « centrées »."
Mélodie